Stone Dukeutru, le nouveau visage du métissage culturel

Stone Dukeutru, le nouveau visage du métissage culturel

Par Julien Bodimbourg - 24 avr. 2025

Stone Dukeutru, le nouveau visage du métissage culturel

Stone Dukeutru incarne une nouvelle génération d’artistes qui cassent les codes. Dans une France encore trop souvent prisonnière des clichés, il suffit parfois de venir d’une cité et de faire de la musique pour être immédiatement catalogué comme un artiste "urbain". Une étiquette que des figures comme Gims ont dénoncée, soulignant l’absurdité d’un terme qui regroupe à la fois l’afro-pop d’Aya Nakamura et le rap dur de PNL ou Booba.

Originaire du Cameroun, Stone Dukeutru a grandi dans un univers où la musique était omniprésente. Inspiré aussi bien par des légendes africaines comme Koffi Olomidé que par le rap et la chanson française, il a su développer une esthétique propre, à la croisée des influences. Dans son EP intitulé Sadly Happy, il propose un projet singulier où se mêlent afrobeat, sonorités américaines et rythmes européens. Mais plus encore, il y développe un vrai concept.

"Sadly Happy" : un contraste assumé

Les trois premiers extraits de l’EP – Ho Ma Chérie (janvier 2025), ChaO (février 2025) et Yeah Oh – témoignent de cette vision contrastée. La musique, souvent joyeuse et dansante, est en décalage avec les paroles plus sombres, nourries de réalisme social et de réflexions existentielles.

Ce contraste est sans doute à l’image d’une époque en quête de repères. Alors que les jeunesses européennes revendiquent plus de droits, de reconnaissance et de liberté, elles se heurtent à une réalité parfois brutale. C’est ce décalage que Stone Dukeutru met en lumière, à l’instar de Booba dans Paradis, où il rappe : "Mon rap a été crucifié à en devenir Christ (Christ) / Vivre à en crever, rire à en devenir triste / Fuck le samedi, le lundi, le mardi"

Une direction artistique affirmée

Ce qui frappe dans le projet, c’est la cohérence de l’ensemble. À l’opposé des albums composés de morceaux sans lien, Sadly Happy suit un fil rouge clair. Stone Dukeutru y pose un regard lucide et poétique sur son monde :

"Ne crois pas en la chance, la réussite comme un antidote !" "Plus d’humanité, je suis dans le noir, j’ai perdu mes ailes."

"Yeah Oh" : un son entre racines et modernité

La production du morceau Yeah Oh est signée Abbas Master, beatmaker reconnu pour ses collaborations avec Kamelancien, Sultan, La Fouine ou encore DJ Skorp. Il mêle ici des instruments africains comme le xylophone à des rythmes plus urbains, créant un équilibre entre enracinement et modernité. L’énergie qui s’en dégage est communicative, et Stone y livre un texte teinté d’autodérision et de lucidité :

"La cité je vais la quitter", "J’ai remué le Sablier."

Son flow, identifiable entre mille, reflète sa personnalité. C’est cette singularité qui le distingue dans le paysage musical actuel.

Une esthétique visuelle marquée

Dans le clip de Yeah Oh, réalisé par Usky Production, comme celui de Oh Ma Chérie, Stone Dukeutru s’impose sur une plage au sable doré. Sa présence scénique, son charisme et sa gestuelle donnent vie à un décor qui, sans lui, serait presque neutre. Il donne du rythme, du relief et du sens à chaque plan.

Oui, Stone Dukeutru a définitivement quelque chose de rare. Il ne se contente pas de faire de la musique : il propose une vision.

Merci de patienter